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DON DIÈGUE
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Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
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N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
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Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
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Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
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Mon bras qu’avec respect tout l’Espagne admire,
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Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
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Tant de fois affermi le trône de son roi,
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Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
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Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
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Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
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Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
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Précipice élevé d’où tombe mon honneur !
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Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
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Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
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Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
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Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ;
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Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
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Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne.
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Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
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Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
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Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
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M’as servi de parade, et non pas de défense,
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Va, quitte désormais le derniers des humains,
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Passe, pour me venger, en de meilleurs mains.
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